A
la fin de l'ère primaire, il y a 250 à 300 millions d'années, tous les
continents de la planète sont réunis en une masse unique, la Pangée,
entourée par un immense océan, la Panthalassa. Ce rassemblement avait
donné naissance à d'immenses chaînes de montagne dont les restes sont
encore visibles dans le massif central et le massif armoricain.
L'érosion ayant immédiatement commencé son lent travail de sape, c'est
sur de vastes pénéplaines que s'ouvre l'ère secondaire.
Si
en surface, la Pangée se transforme, en profondeur se joue son destin.
En effet, une immense chaleur se dégage du noyau de la planète. Elle
est due à la désintégration d'éléments radioactifs et alimente des
mouvements de convection dans tout le manteau. Ces importants
mouvements de matière étirent la croûte continentale de la Pangée qui
s'amincit progressivement. Une première cassure donne naissance à
l'océan atlantique il y a 170 millions d'années. Un autre déchirement,
voici 155 millions d'années crée l'océan alpin.
Au centre de celui-ci fonctionne une dorsale médio-océanique comme
celle qui occupe toujours aujourd'hui le milieu de l'océan atlantique.
Sous celle-ci, du matériel profond, plus chaud et donc moins dense,
remonte et sous l'effet de la décompression, parvenu à une profondeur
de 20 à 30 kilomètres, il entre en fusion.
Le magma issu de la fusion partielle des roches du manteau continue son
ascension à travers des roches qu'il a appauvri, et qui prennent alors
le nom de péridotites (7).
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Très
rapidement, l'océan s'approfondit et les basaltes, de plus en plus
vieux au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'axe de la dorsale sont
recouverts de particules issues des coquilles et des tests d'organismes
marins, ou de la désagrégation des continents. Les radiolarites (1),
sédiments siliceux d'âge jurassique se déposent en premier, à forte
profondeur car alors, le calcaire a été entièrement dissous lors de sa
lente descente. L'apparition de nouveaux magmas à l'axe de la dorsale
provoque l'éloignement du plancher océanique nouvellement créé et
celui-ci s'éloignant de l'axe parvient dans des zones moins profondes
où les sédiments calcaires (2) peuvent alors se déposer. Des argiles
(3), particules résiduelles de l'érosion des continents les recouvrent
ensuite.
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A
raison de 2 à 3 centimètres par an, l'océan alpin croit durant 70
millions d'années atteignant la taille de 1500 kilomètres. A chaque
poussée de croissance des failles apparaissent provoquant des
éboulements qui donne naissance à des brèches (10), roches constituées
ici d'un mélange de cailloux d'ophiolites qui apparaissent sur les
basaltes en coussin.
C'est alors qu'un changement de mouvement du continent africain
rapproche ce dernier de l'europe. L'océan alpin commence à se refermer
et des morceaux entiers de celui-ci disparaissent sous la croûte
continentale.
Au début de l'ère tertiaire, il y a 65 millions d'années l'océan
n'existe plus. La compression se poursuivant, certaines roches de ces
fonds océaniques sont expulsées sous la forme de nappes de charriage
qui progressent vers l'ouest provoquant, lors de leur passage au-dessus
d'autres roches, des augmentations de température et de pression qui
transforment ces dernières (4). Les plissements qui affectent alors les
sédiments marins sont bien visibles au sein des radiolarites
(5).
Sous l'action de l'érosion, certains minéraux des roches qui
composaient le plancher océanique se transforment. Ainsi, il y a
serpentinisation (6) des péridotites du manteau.
Pour compléter
votre lecture : Vous pouvez, tout comme moi, vous plonger avec profit
dans les articles de Monsieur CIRIO, président du C.B.G.A. (Centre
Briançonnais de Géologie Alpine, 35 rue Pasteur 05100 Briançon)
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A découvrir chemin faisant
En
entrant à Montgenèvre, prenez, sur la droite, la route de la piscine et
garez-vous avant celle-ci. Continuez sur cette route à pied puis
engagez-vous sur un petit chemin qui sur la gauche est balisé
Chenaillet et ruisseau Durance.
La station de
Montgenèvre
C'est à Montgenèvre que débuta l'épopée du ski en France. En effet, au
début du siècle le capitaine Clerc effectue ses premiers essais sur les
pentes du Gondran. Le 159 ème régiment d'infanterie alpine, le "
quinze-neuf " développe alors, matériel et technique. La première
compétition internationale, organisée par le club alpin français aura
lieu les 11 et 12 janvier 1907, elle réunira les athlètes de six pays.
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Tout
au long de la montée, on rencontre par endroit des débris des roches
que l'on étudiera ensuite mais les véritables observations ne
commencent qu'une fois parvenu sur la crête au- dessus de la cabane des
douaniers.
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Les couleurs de la
pelouse alpine.
Dans les prés du Gondran, on est frappé par les couleurs vives et
chatoyantes de toutes ces fleurs de la pelouse alpine. Pourquoi une
telle débauche de pigmentation ? Deux raisons à cela, la plupart des
plantes d'altitude confie aux insectes le soin de leur pollinisation,
le vent étant trop violent pour la réaliser efficacement, plus leurs
couleurs seront vives mieux elles attireront les insectes. Mais à
l'origine ces couleurs vives sont liées à la qualité des rayons
lumineux qui permettent à ces plantes de n'avoir besoin que d'une
faible surface d'appareil chlorophylliens (les feuilles) pour produire
une quantité importante de sucre. Ces derniers sont stockés avant leur
transformation en amidon et servent d'antigel mais aussi à la
fabrication de pigments.
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Dirigez
vous alors vers l'ouest, (comme l'indique le panneau indicateur !) pour
croiser les roches sédimentaires océaniques qui se sont déposées sur le
fond de l'océan alpin
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Les
radiolarites (1) colorées en rouge par les oxydes de fer qu'elles
renferment sont formées par l'accumulation des tests siliceux de
microorganismes planctoniques, radiolaires et diatomées. Au-dessus
lorsque les hauteurs d'eau surmontant les fonds océaniques étaient
moindre on rencontre des calcaires blancs (2) provenant du dépôt des
particules calcaires issues des coquilles d'autres microorganismes
planctoniques, les coccolithophoridés et les foraminifères. Enfin ces
deux couches sont surmontées par des argiles (3) issues des matériaux
détritiques arrachés des continents et apportés aux océans par les
fleuves. Ces argiles ont été transformées en schistes (4) sous l'action
de l'augmentation de pression et de température causées par le passage
au-dessus de celles-ci des nappes de roches plus orientales déplacées
lors de la fermeture de l'océan alpin. Ces déplacements ont aussi
provoqués des plissements dans les sédiments qui ne se présentent pas
toujours dans l'ordre énuméré plus haut (5).
Revenez
ensuite à la cabane des douaniers afin de pénétrer plus profondément
dans l'océan alpin en partant à la découverte du massif ophiolitique du
Chenaillet.
Une première roche, appelée serpentine (6) en raison de sa couleur
sombre et de sa structure en écaille de serpent, doit attirer votre
attention. En l'observant de près vous pouvez y voir une masse vert
sombre de serpentine qui provient de la transformation des péridots de
la roche initiale, une péridotite (7), et des cristaux brillants de
pyroxène. Cette roche est tout ce qui reste du manteau supérieur après
sa fusion partielle qui engendra le magma constitutif des roches que
nous allons voir maintenant.
A côté du chemin on observe une ancienne calcaire d'albitite, une roche
très claire, qui servit à la construction des forts. Son origine est
étroitement liée à celle des gabbros qui seront vus ensuite. En effet,
dans la chambre magmatique mise en place au-dessous de l'axe de la
dorsale, lors du refroidissement de la lave des cristaux apparaissent,
ce sont en premier des feldspaths blancs et des pyroxènes verts qui
sédimentent alors au fond de la chambre et donnent naissance aux
gabbros (8) qui constituent la majeure partie de la montagne et dont la
variété est importante. Le résidu du magma encore liquide s'infiltre
sous la forme de filons qui cristallisent aussi en profondeur mais en
donnant majoritairement un feldspath blanc : l'albite.
La montée au sommet se fait en suivant l'arête ouest, par un petit
chemin, le long duquel des panneaux vous apporteront ponctuellement
quelques précisions géologiques.
On rencontre à peu près à mi-hauteur les premiers coussins de basalte
(9) qui se sont épanchés voici 150 millions d'années sur le fond de
l'océan alpin. Leur forme arrondie est caractéristique et résulte du
refroidissement rapide de la surface qui passe brutalement des 1000 °C
de son émission aux quelques degrés régnant au fond des océans et qui
s'observe dans la structure particulière du cortex de ces coussins qui
présente de minuscules pointes blanchâtre de feldspath. Ces cortex, du
plus bel effet décoratif ont pris le nom de variolite.
Au sommet on peut apercevoir les baraquements qui servirent à abriter
les soldats durant l'offensive italienne de la dernière
guerre.
Le Chaberton
Au plus fort de la tension qui opposa la France à l'Italie dans les
années trente, cette dernière décida de construire un vaste système
offensif sur le sommet du Chaberton. Celui-ci fut aplani afin de
permettre la construction de huit tourelles équipées de canons de 149.
L'inquiétude régnait à Briançon désormais à portée de canons. Des
essais de contre-offensive furent alors organisés en juillet 1939, des
canons placés à Cervières tentant d'atteindre le sommet de Rochebrune.
Le 21 juin 1940 débuta l'offensive italienne Le Chaberton tirant sur le
Janus, le Chenaillet et le Gondran. Mais le 154 ème régiment
d'artillerie de position étaient prêt et si le mauvais temps retarda
ses premiers coups, à 15h30, la contre-offensive débuta. Immédiatement
efficace, le Chaberton était anéanti à 22 heures !
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Descendre
en direction du col du Soréou au niveau duquel on observe des brèches
(10) incorporant des éléments de basalte posées sur les basaltes en
coussin et qui témoignent des éboulements liés à la croissance de
l'océan alpin.
La balade s'achève ensuite à la falaise du collet vert, le plus bel
affleurement de laves en coussin connu en europe. Un petit effort de
réflexion vous permettra aisément de replacer celle-ci dans sa position
originelle, pour cela il vous suffira d'appliquer une méthode simple..
qui vous est expliquée sur le panneau au bas de la
falaise.
Pour
la descente vers Montgenèvre, vous avez le choix entre la vallée de la
Doire qui se dirige ensuite vers l'Italie et la vallée de la Durance,
ce dernier itinéraire étant le plus rapide.
Durance ou Clarée ?
Vous serez peut-être étonné lors de votre montée de la petite taille du
ruisseau qui deviendra la Durance. Et si vous suivez son cours jusqu'à
sa confluence avec la Clarée venant de la vallée de Névache peut-être
aurez vous un doute concernant la véritable source de la Durance. En
effet, la Durance fait alors piètre figure face à la Clarée qui perd
pourtant ici son nom.
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